jeudi 9 mars 2023

Comme chien et chat – Fragment 7

Depuis combien de temps n'avait-il pas été seul ?

La question lui taraudait l'esprit et l'angoissa. Qu'est-ce que ça signifiait "être seul" quand il ne l'avait plus été depuis si longtemps ?

Il avait oublié ce que c'était que de n'avoir personne lui souriant lorsqu'il rentrait chez lui. Sa mère l'appelait de temps en temps, mais leurs échanges de cris ne comblait pas le vide qu'avait laissé Izuku dans sa vie.

Les quelques fois où il l'avait surpris avec Lee l'avait rendu fou et la rage lui venait rien que d'y songer. Pourquoi ? Pourquoi s'était-il laissé couler dans cette situation ?

Quand il l'avait confronté, pourquoi lui avoir dit qu'il laissait Lee gagner ? Pourquoi n'avait-il pas menacé Deku comme d'habitude ? Ou alors, pourquoi ne pas lui avoir dit tout simplement qu'il l'aimait ?

C'était le genre de compétition sur laquelle Katsuki n'avait aucun pouvoir, aucun impact. Si Deku l'avait voulu, il aurait pu briser son coeur en mille morceaux. Là, au moins, il ne savait pas ce qu'il éprouvait. Il n'avait donc aucun pouvoir, aucun impact.

Katsuki rit jaune. "Tu parles ! s'écria-t-il pour lui-même dans la pièce vide, T'es toujours dans ma tête putain de Deku !!"

Il se leva subitement de son lit et enfila ses chaussures pour aller courir.

L'air frais de la ville à quatre heures du matin l'apaisa et il se réchauffa doucement au rythme de ses foulées.

Ses pas le menèrent à son ancien dortoir, pourtant relativement éloigné.

Que ferait-il si Deku et Lee se trouvaient dehors à cette heure ?

Mais ce ne fut pas le cas. Le lieu était calme. Personne à l'horizon.

Katsuki s'arrêta, soudainement vidé de ses forces. Ses yeux commencèrent à lui piquer et d'étranges larmes lui parvinrent. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Il avait pris ses distances pourtant. Il s'était éloigné de Deku, de Lee, de cet endroit. Pourquoi y revenait-il pour y pleurer ?

C'était comme un deuil, une confession dans un cimetière. Si la tête de Katsuki était passée à autre chose, mais pas son coeur. S'il y en avait un qui le retenait, c'était bien lui. Ce coeur stupide qu'il avait tenté de préserver tout ce temps en refoulant ses sentiments et son attirance pour son ami d'enfance.

Qu'avait-il gagné à faire l'autruche tout ce temps ?

Rien. Rien qu'une course vide vers le passé.

Katsuki se rendit sous la fenêtre de Izuku. Elle était entrouverte. D'une impulsion souple, il s'y hissa et s'accouda à la fenêtre du premier étage. Il regarda le garçon aux cheveux verts dormir. Il s'imagina passer sa main dans ses cheveux et l'embrasser.

Le fantasme n'était plus sexuel. Il était plus profond. Longtemps, il avait refoulé ses envies et pulsions sadiques. Longtemps, il s'était interdit d'aimer. Mais maintenant qu'il comprenait que ses sentiments s'étendaient au-delà de l'attirance pure, les choses prenaient sens.

L'aurait-il su ou admis avant, peut-être aurait-il fait preuve de plus de courage et d'humilité.

Mais il en avait fallu des nuits blanches à se branler ou à angoisser au sujet d'Izuku pour finalement réaliser ce qu'il n'avait jamais admis : il l'aimait.

"Je t'aime Izuku" murmura-t-il avant de redescendre

Il aurait juré entendre "moi aussi Kacchan" dans le vent alors qu'il repris sa course vers son appartement. Sa chambre vide et glacée semblait s'être réchauffée après cette demi-heure.

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