dimanche 12 mars 2023

Terrifiée

Je ne me savais pas si lâche, mais j'ai du mal à poursuivre mon histoire. Ce n'est pas faute d'inspiration ou de motivation. C'est par peur. En fait, plus j'avance, plus je menace de réussir, plus j'ai peur. Je suis terrorisée.

Cela fait plusieurs fois que je le remarque et ce soir ne fait pas exception. J'aurai dû poursuivre l'écriture de Comme chien et chat, mais à la place, je déblatère. Les chapitres que j'écris - ou plutôt les fragments pourraient être plus longs, plus complets. Mais j'ai peur de les écrire. J'ai peur d'aligner ces textes pour qu'ils n'en forment qu'un seul.

J'ai peur de réussir à écrire cette histoire.

C'est tellement paradoxal ! Normalement, je suis paralysée par l'idée d'échouer, mais je me rends compte que c'est celle de réussir qui me tétanise vraiment.

Mon père m'a offert une tasse il y a deux ans de cela. Elle porte la citation de Michelangelo qui dit "Le plus grand danger pour la plupart d'entre nous ce n'est pas que l'objectif soit trop élevé et que nous le manquions, c'est qu'il soit trop bas et que nous l'atteignons.". Je suis en plein dedans. Jusqu'au cou.

J'ai passé les cinq dernières heures à planifier et à réfléchir à ce que je devais faire pour commercialiser mes histoires et sur quelles plateformes les publier. Ce n'était pas du temps perdu, mais ça m'a pris beaucoup de temps.

Je me demande parfois s'il ne serait pas plus utile de juste écrire jusqu'à finir ce que j'ai commencé, puis de me soucier du reste ensuite. J'aime trop planifier, prévoir et procrastiner. Ça m'évite de me mouiller. C'est ma zone de confort.

Hier, j'affirmai être prête à me hisser hors de cette zone, mais finalement je fais comme tout le monde : j'y reste et m'y complais.

C'est faux. 

Je mens.

Tout ce que j'ai fait jusqu'à présent me terrorise suffisamment et pourtant j'avance. J'avance dans ce sens un peu chaque jour. Ce n'est pas aussi bien que ce que j'aimerai, mais je le fais.

Je ne l'ai pas fait ces dix dernières années et pourtant là je le fais. C'est suffisant.

La boule que j'ai au ventre prouve que ce n'était pas de la procrastination. Ce que j'ai visualisé durant ces cinq dernières heures était suffisamment concret pour me terrifier. Je sais qu'il me reste du chemin avant d'atteindre le niveau que j'ai entrevu ce soir. Et pourtant, je vois la montagne. Elle est devant moi je veux dire, à mes pieds. Elle ne se trouve plus à des kilomètres. Elle est juste à côté.

La dernière fois que j'ai escaladé quelque chose, on a commenté "elle marche" alors que tout le monde escaladais. J'étais plus à l'aise que les autres sur ces chemins escarpés. Pourtant, on m'a quand même tendu la main pour m'aider à la fin du parcours.

C'est bon signe non ?

Je suis parée au combat, je le sais. Il faut juste que j'ose affronter mes peurs. Ce ne sont pas les autres qui me retiennent, c'est moi-même.

Je ne suis pas mon propre ennemi pour autant. C'est normal d'avoir peur. Il y a une part de moi qui désire ma survie, qui veut me protéger. C'est une partie un peu anxieuse et elle m'a tirée de nombreux pétrins. Alors, je ne vais pas la haïr. Je vais la calmer. La mener pas à pas sur le chemin de sa destinée.

"Vraiment, tu vois : il n'y avait rien à craindre." lui dirai-je, un sourire aux lèvres, en lui désignant la vue magnifique du haut de la montagne

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